top of page
Rechercher

L'Esprit Vagabond, qu'est-ce que c'est ?

  • Photo du rédacteur: Coralyne Sauret
    Coralyne Sauret
  • 26 août 2023
  • 7 min de lecture

Ode à la rêverie ou dérive mentale ?


Une jeune femme qui rêve éveillée

Avez-vous déjà eu la sensation de ne pas réussir à retenir le fil de vos pensées ?


De voir votre esprit s'égarer alors que vous devriez vous concentrer sur une tâche donnée ?


Si tel est le cas, alors avez-vous déjà expérimenté "l'esprit vagabond".


Mais l'esprit vagabond c'est quoi exactement ?


C'est lorsque l'on fait une chose en pensant à une autre. Quand notre attention se disperse sur nos chemins neuronaux et se perd pendant un moment. Cela peut aller de la simple distraction à la pleine rêverie.


Cette faculté de notre esprit est une spécificité de notre espèce Homo Sapiens Sapiens qui nous permet ainsi de nous organiser, de nous projeter, de rêver...


Pourtant, dans une société qui prône la surproduction et l'hyper efficacité, principes que l'on nous inculque dès notre plus tendre enfance, une telle divergence est-elle considérée comme positive ou négative ?


C'est ce que nous allons voir dans la suite de cet article.



1- L'esprit vagabond vu par les scientifiques


Tout d'abord, tournons nous vers les points de vue de nos amis scientifiques.


Il existe deux études liées au sujet de l'esprit vagabond. L’une américaine dirigée par Matthew Killingsworth et Daniel Gilbert de l'université d'Havard et l’autre isralienne conduite par des chercheurs de l'université Bar Ilan.


Matthew Killingsworth et Daniel Gilbert ont tenté de répondre à l'éternelle question "quelles sont les grandes causes du bonheur ?". Pour se faire, ils ont interrogé un millier de personne par le biais d'une application smartphone, leur posant des questions auxquelles les utilisateurs répondaient en temps réel.


L'application générait trois questions à différents moments de la journée, demandant aux utilisateurs comment ils allaient, ce qu'ils faisaient et s'ils pensaient à autre chose.

Aux suites de cette étude, les chercheurs ont pu établir que 47% des personnes interrogées accomplissaient une tâche en ayant l'esprit ailleurs. Ils ont aussi trouvé une corrélation avec le malheur et la tristesse, la plupart des utilisateurs avouant que leur fil de pensées était alors désagréable.


À contrario, il est apparu que les gens vivant dans le moment présent étaient globalement plus heureux.


Pouvons nous dire alors que les divagations de l'esprit conduisent à la tristesse ?

C'est ce que cette première étude semble nous démontrer.

Voyons d'autres points de vue.


Les chercheurs israéliens ont eu une approche totalement différente.

Ils ont fait appel à un groupe de volontaires acceptant d'être placés dans un état de rêve factice par stimulation électrique du lobe frontale.


Il a été ensuite demandé aux bénévoles ainsi stimulés, de réaliser certaines activités.

Ils ont rapidement constaté que les sujets étaient plus efficaces dans la réalisation de leurs tâches. Sortis de leurs contexte actuel, ils ne s'ennuyaient pas, ils rêvaient, et ce rêve stimulait leur activité intellectuelle les rendant ainsi plus performants.


Cette seconde étude semble donc nous dire que la rêverie peut-être un moteur pour l'intellect et donc avoir des aspects positifs.


Ces deux études, bien que semblant contradictoires, sont certainement les faces d'une même pièce. En effet, l'esprit vagabond sans être bon ni mauvais dépendrait de la manière dont il est utilisé. La concentration est un exercice dans lequel l'esprit se focalise sur une idée ou une action spécifique. Elle est donc essentielle pour exécuter des tâches ou comprendre un haut niveau d'abstraction et de concepts, tandis qu'une réflexion éparpillée peut générer anxiété et agitation. Cependant, l'esprit ne peut pas toujours être concentré, cela le mène à l'épuisement. Il est donc sain de déconnecter inconsciemment ou consciemment par la rêverie ou la distraction.


D'un point de vue scientifique, les fonctions inhérentes à l'esprit vagabond seraient donc complémentaires. Elles peuvent autant mener un individu à l'autodépréciation et à la tristesse que lui permettre de reposer son esprit après ou entre des moments de concentration intense. Ni bon ni mauvais donc.


Sortons maintenant du domaine cartésien pour nous intéresser de plus près aux notions philosophiques et artistiques que soulève cette interrogation.



2 - Le point de vue philosophique, artistique et historique.


Les artistes et philosophes ont toujours considéré la rêvasserie comme l'entrée de notre monde intérieur, de notre inconscient, notre connexion au divin.


Enfant déjà, nous sillonnions celui-ci au travers de nos jeux et fantaisies. "Notre monde intérieur est un monde bien plus riche, bien plus vaste" disait Nietzshe évoquant Liebnitz. Certains adultes ont gardés cette capacité, cet esprit vagabond et continuent d'arpenter leurs fantaisies et leurs horreurs dans un but introspectif ou créatif.


Étymologiquement, le terme vagabond vient de "vagari" qui signifie errer en latin.

Vaguer, divaguer, divagation, extravagance... Tous ces mots français, provenant de la même racine, renvoient à l'errance à des degrés différents pouvant aller de la folie douce au délire total.


Les vagabonds ont toujours été considérés comme une classe marginalisée. Ils sont ceux qui transgressent les règles, les nomades, les personnes qui ne s'intègrent pas aux codes sociétaux. Jusqu'au 20e siècle, l'esprit vagabond était même considéré comme une folie. Au 18e siècle, certains de ces "malades" étaient mis au ban de la société de manière assez originale, on les laissait vivre sur des rivières où ils pouvaient naviguer physiquement et divaguer librement psychologiquement.


Avoir la faculté de s'embarquer spirituellement dans des lieux qui n'existent pas, créer un monde onirique, chimérique, se promener dedans et ramener quelques bribes de fantaisies, n'est-ce pas là un procédé nécessaire à toute création artistique ?


Le vagabond s'évade, découvre l'ailleurs et revient avec quelques idées folles empruntées à cette évasion. Tout comme l'artiste, il nous ouvre les portes d'un monde invisible, nous offre une échappatoire par l'imaginaire. L'être rationnel laisse place à l'être sensible. Ces déambulations nous sortent du quotidien, nous quittons la matrice pendant un moment.

Bachelard nous disait « la fuite par le rêve est aussi le bonheur spirituel », et Paul Valéry ajoutait "Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ?"


Ce que je comprends au travers de ces mots est que l'égarement imaginaire est essentiel pour tout être sensible désirant transcender les règles et la forme de son quotidien. Par la divagation et l'introspection viennent les idées, nos idées. Celles provenant de nos inconscients. Elles sont parfois folles, inintelligibles, inutilisables telles que, mais ouvrent des pistes pour une réflexion future ou entrainent notre ouverture d'esprit et notre imagination.

L'esprit vagabond est-il donc une si mauvaise pratique ?


À mon sens, c'est une épée à double tranchant.


Formidable moteur de rêverie, il nous donne accès à notre inconscient, notre imaginaire, nous permettant ainsi de récupérer des idées novatrices ou différentes et de les ramener jusque notre vie consciente. À partir De celles-ci, nous pouvons créer, évoluer, s'expandre, penser différemment, ect... Il est la source de notre imagination et donc de l'inspiration créative.


Comme l'a démontré l'étude israélienne, le rêve est un stimulant intellectuel, nous avons donc le parfait outils de création à l'intérieur de nos esprits.


Cependant, il peut être dangereux de se laisser errer sur des chemins neuronaux néfastes.


D'utiliser notre puissance imaginative pour nous propulser dans des lieux qui nous angoissent ou nous font peur. L'étude américaine semble malheureusement nous démontrer que presque une personne sur deux navigue dans ces eaux de pensées désagréables.


Beaucoup de personnes ont tendance à sur-réfléchir, à tenter de prévoir et contrôler les aléas du quotidien, ce qui peut créer un stress ou un sentiment de détresse. Je pense que pour beaucoup, nous créons notre propre angoisse au travers de notre imagination. Une sorte d'auto-sabotage que l'on a du mal à réprimer.


De même, il peut être facile de se perdre sur les chemins de notre monde intérieur. De ne pas réussir à se concentrer, ou encore de s'égarer si loin dans notre imaginaire que l'on se sent inadéquate dans la réalité. Cette marginalisation peut-être un force, lorsqu'elle est assumée et que l'on trouve des parades pour, malgré tout, se raccrocher à la réalité et utiliser nos pérégrinations spirituelles à des fins qui servent nos vies. Cependant, si vous vous sentez perdus, que cela vous empêche de vivre pleinement, je vous conseillerais de bien vouloir chercher de l'aide. Auprès d'un ami, d'un tiers, d'un psy, d'un shaman, d'un prêtre… ce qui fonctionne pour vous, l'important est de s'entourer et de retrouver une voie vers la sérénité. Vous pouvez aussi m'écrire, je me ferais une joie de vous venir en aide.


Ne vous méprenez pas, je suis partisane du vagabondage imaginaire, de la rêverie éveillée.


Je puise dans cette source d'inspiration infinie pour vous écrire aujourd'hui et faire des changements significatifs dans ma vie. Chaque jour, cette source intérieur me nourrit, me déconnecte d'une réalité parfois trop cruelle et me permet de créer ma propre réalité, non pas onirique mais bien physique et tangible. Ce n'est pas pour rien que j'ai donné ce nom à mon site et en fais l'objet de mon premier article. Nous pouvons trouver à l'intérieur de nous des graines qui feront germer de superbes idées autant pour nous que pour les personnes avec qui nous allons les partager.


L'esprit vagabond est notre aventurier spirituel. Parfois il erre sur des sentiers de campagne qui sentent la lavande, d'autre fois il marche sur les pics escarpés du Mont Everest en pleine tempête de neige. Il visite des jungles, des marécages, des puits sombres, l'enfer, les étoiles, l'univers... Sa seule limite est notre imagination. Avec lui nous pouvons partir loin sans même quitter notre maison. L'important est de savoir se retrouver, même lorsque l'on commence à s'égarer sur nos chemins dangereux. Prendre le temps de s'arrêter, de se poser, de respirer et de se rappeler que finalement l'important c'est de posséder cette vie. Cette vie physique, sensible, merveilleuse dont l'on profite autant que l'on peut chaque jour.


J'espère que cet article vous aura plu ! Merci d’avoir partagé ce moment avec moi ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ou à donner votre propre idée de l'esprit vagabond en commentaire.


Avec toute ma tendresse, je vous souhaite le meilleur du meilleur. bisous mielleux


Coco




Ps : Une petite citation de Beaudelaire sur la rêverie. Juste parce que <3



Charles Beaudelaire







 
 
 

Comments


bottom of page